Les technologies modernes nous sollicitent de plus en plus, et chacun semble s’en réjouir. Or, cela épuise notre faculté de penser et d’agir, estime le philosophe-mécano Matthew B. Crawford.
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre », écrivait déjà Pascal en son temps. Mais que dirait l’auteur des Pensées aujourd’hui, face à nos pauvres esprits sursaturés de stimulus technologiques, confrontés à une explosion de choix et pour lesquels préserver un minimum de concentration s’avère un harassant défi quotidien ? C’est cette crise de l’attention qu’un autre philosophe, cette fois contemporain, s’est attelé à décortiquer.
Matthew B. Crawford est américain, chercheur en philosophie à l’université de Virginie. Il a la particularité d’être également réparateur de motos. De ce parcours de « philosophe mécano », il a tiré un premier livre, Eloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail, best-seller aux Etats-Unis.
Comment un projet lancé par Microsoft dans les années 90 révolutionna notre manière de voir notre planète et fut à la base de la technologie employée par Google Maps et Google Earth.
Toute la Terre, contenue dans un ordinateur Compaq haut de 14 mètres et large de 8 mètres, dans un immeuble de bureaux de Seattle. Le lundi matin, à l’heure où la côte Est s’éveillait, l’énorme machine en faisait autant.
« La température dans la pièce s’élevait de 5 à 6 degrés, et tout tremblait tout autour, se souvient Tom Barclay, l’homme à qui Microsoft avait confié la tâche de faire entrer la Terre dans une base de données. C’était un spectacle incroyable. »
Terraserver aurait pu, aurait même dû être l’un des produits assurant la domination de Microsoft sur l’Internet au cours du 21ème siècle. Ce fut la toute première carte satellite du monde ouverte au public et interactive. La toute première base de données qui excède le téraoctet.